Nommée en février dernier, la Coordinatrice spéciale de l’ONU, Jane Holl Lute en charge du dossier relatif à la lutte contre les abus sexuels reprochés aux Casques bleus, promet « un programme énergétique » afin de redorer la réputation des forces des Nations unies.
Comptant sur son expérience au ministère américain de la Sécurité intérieure (US Homeland Security) et à la Maison Blanche, Jane Holl Lute, la Coordinatrice spéciale des Nations unies, projette d’utiliser la méthode forte pour redonner à l’organisation qu’elle représente, ses lettres de noblesse après une longue série d’accusations graves portées en défaveur des troupes onusiennes. Celles-ci sont pointées du doigt pour de nombreux actes de viol commis en République centrafricaine (RCA).
Depuis sa prise de fonction, Mme Lute a pu s’enquérir de la situation sur les faits reprochés à la Minusca et la Monusco, en se rendant en Centrafrique et en République Démocratique du Congo (RDC). Depuis le début de l’année, c’est 29 accusations qui ont été portées contre des Casques bleus de la Minusca et 22 pour l’année dernière avec plusieurs autres faits notamment, des viols d’enfants, en RCA sont attribués aux années antérieures.
« Il y a eu une grave défaillance de la chaîne de commandement au sein des unités impliquées de la Minusca. Il faut créer un environnement où de tels agissements ne seront pas tolérés », a précisé la Coordinatrice spéciale de l’ONU.
Jane Holl Lute qui dit avoir noté des réticences chez certains responsables militaires face à la prise de responsabilité pour prévenir d’éventuels autres cas d’abus sexuels, prévoit diverses réformes impliquant le changement d’attitude et la sensibilisation des unités militaires et de police pour les 16 missions de maintien de la paix que compte l’ONU dans le monde. Il s’agira également au cours de sa mission, de fixer des règles de non-fraternisation empêchant les soldats d’entretenir des relations entre eux, tout en imposant dans certains cas des cantonnements ou couvre-feu. Les Nations unies envisagent également de relever les empreintes génétiques des Casques bleus avant leurs prochaines affectations afin de pouvoir mener des tests ADN et de cesser de payer leurs soldes en cas d’accusations prouvées de viol ou d’exploitation sexuelle.
« Nous nous attendons à découvrir davantage de cas encore. Mais ces nouveaux cas attireront immédiatement l’attention au plus haut niveau des Nations unies. La priorité du numéro un est de sensibiliser tous les échelons du système », a-t-elle expliqué.
Les pays fournisseurs de Casques bleus sont quant à eux, sommés de retrouver les responsables de ces actes déshonorants afin leur infliger les sanctions y relatives. Et à l’Afrique du Sud de rétorquer en annonçant la mise en place des cours martiales in situ en République démocratique du Congo pour juger ses soldats dont les exactions auront été prouvées. D’un autre côté, l’ONU a salué la performance de l’Egypte qui a récemment infligé cinq ans de prison à un de ses soldats coupable d’abus sexuel en Centrafrique, après un mois d’enquête.
L’ONU a créé en mars un fonds pour aider les victimes et la Norvège vient d’apporter sa contribution à hauteur de 125.000 dollars US.
Jane Holl Lute qui reconnait les efforts de l’organisation, ne s’empêche pas de préciser : « nous avons fait beaucoup de progrès. Nous en avons encore à faire. »
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