Gabon : Justice – Sidonie Flore Ouwé victime des « moutons noirs »

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Les dessous de la dissolution tribunal Spécial chargé de la répression contre la délinquance financière et économique

Une enquête

Seule contre tous. Tel pourrait être la phrase qui résume tout le combat mené par l’ex procureur de la République de Libreville Sidonie Flore Ouwé. Décidée à venir à bout des réseaux mafieux qui se sont faits maîtres dans le pillage et détournement des fonds de la République, « la dame de fer » a vu sa mission s’achevée plus tôt que prévue. Les mains noires et sales de la République sont passées par là. Mais envoyée au Tribunal Spécial de Lutte contre la délinquance financière et économique, pour lui réduire son pouvoir, cette nouvelle destination s’est révélée très vite dangereuse pour les criminels au col blanc, qui ont dû sortir la grande artillerie : une dissolution du tribunal nouvellement créé.

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Elle se refuse tout commentaire. Selon ses proches, Sidonie Flore Ouwé fait confiance au Président Bongo. Pourtant depuis son salon, où elle passe la plus grande partie de son temps, suivant l’actualité judiciaire et politique, elle est convaincue qu’elle va rebondir, d’une façon ou d’une autre. Car la justice gabonaise connait bien de qui la ‘‘Dame de fer’’ encore appelée dans l’arène judiciaire ‘‘la grande royale’’, est la victime. Elle préfère garder le silence. « Seul le chef de l’Etat ou son Directeur de cabinet, pourrait entendre ce qu’elle a à dire. Sidonie n’est que victime de sa compétence », nous balance un de ses cousins furieux. Ce dernier aussi n’est pas au courant, mais il soupçonne la vérité et est sûr de ce dont il parle.

Victime de sa compétence ?

L’histoire de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption, les dessous des tables, les détournements des fonds et les crimes économiques au Gabon peut aussi être écrite par des femmes. C’est ce qu’a su faire Sidonie Flore Ouwé durant son mandat de Procureur de la République du Gabon près du tribunal de Libreville. Intègre, tenace et surtout efficace, elle a su faire montre, sans complexe, sans crainte, et sans complaisance, d’une détermination légendaire dans sa lutte contre les réseaux mafieux qui, sans cesse, mettent à genou l’économie du Gabon à travers des pillages bien organisés. Pour bon nombre de gabonais, adeptes du travail bien fait, Sidonie Ouwé est tout simplement le symbole de l’impartialité de la justice gabonaise. Le symbole de la justice rendue par une femme entre ses différents enfants. Malheureusement cette efficacité et cette détermination sont devenues trop dérangeantes pour les fossoyeurs de la République. Nonobstant le rang social ou le poids sur l’échiquier politique, Sidonie est une véritable traqueuse des grands criminels de la République. « Sidonie a toujours cru aux principes d’égalité devant la loi. Elle en jurait même à la fac. Pour elle la loi doit s’appliquer à tous les citoyens, de la même manière, peu importe qui ils sont, d’où ils viennent ou ce qu’ils font », reconnait Frank, un ancien camarade d’amphi.

Très vite, la procureure de la République est devenue ‘‘la fauve à abattre’’. Cette fauve, de la justice, qui lancée sur la trace de l’argent de l’Etat peut emporter tous ceux qui ont l’odeur sur eux. Mais le 27 août 2015, une décision mitigée tombe. Le Conseil de la Magistrature décide que Mme Ouwé ne sera plus procureure de la République auprès du Tribunal de première instance. Elle est dans la foulée suivie par une autre décision. La création du Tribunal Spécial de Lutte contre la délinquance financière et économique, auprès duquel ‘‘la dame de fer’’ sera nommée Procureure. Promotion ou sanction ?

Le premier déluge sur Mme Ouwé

En nommant l’ancienne porte-parole du Front des Etudiants Radicaux gabonais (FER) au Tribunal Spécial de Lutte contre la délinquance financière et économique, cela paraît en effet, une promotion à l’allure du marketing. Puisque dorénavant elle ne traiterait que de monnaie, d’argent, de milliards. Un détourneur de milliards envoyé en taule est une grosse publicité. Sans aucun doute. Mais c’est sûr que pouvoir encore poursuivre tous les criminels est un plus gros portefeuille. Et Sidonie Ouwé le sait. Car cette décision du Conseil des Ministres est l’aboutissement d’un long processus entamé par le Barreau de Libreville. Avec en son sein de nombreux hommes de loi pourtant « hors la loi ». Le barreau, sans doute dérangé par la détermination de Madame la Procureure a vite fait d’enclencher une procédure pouvant la stopper dans son noble élan de servir les idéologies du Chef de l’Etat sur la bonne gouvernance. Son départ du Parquet de Libreville a dû faire plaisir à plusieurs personnes. Mais leur joie n’a été que de courte durée. Puisque Sidonie Ouwé qui sait toujours s’en sortir et bondir, depuis n’importe où, n’allait pas déroger à la règle. Si elle n’aura plus à mettre ceux qu’elle appelle « petits criminels » selon son camarade d’amphi, derrière les barreaux, elle comptait bien épurer le paysage financier gabonais de ces voleurs au col blanc, ces fossoyeurs de la République.

L’opportunité allait enfin se présenter. Le dossier du siècle. Plusieurs entreprises allaient y passer. La liste est bien longue. Dans la foulée, quelques heures avant que la liste n’atteigne son bureau, à défaut de convaincre le chef de l’Etat de déplacer encore ‘‘la dame de fer’’, on fait tout pour qu’il mette son tribunal spécial en veilleuse. Ce qui fut fait. Mais qui sont ces gens qui veulent la tête de Sidonie Flore Ouwé ?

A qui profite son départ ?
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Dans les méandres du pouvoir, ils sont nombreux à user de leur relation avec le Chef de l’Etat pour s’adonner à des pratiques indignes. Ils, ce sont ces directeurs de sociétés impliqués dans des magouilles. Dans notre enquête, il est même apparu que ce sont ces personnes qui en veulent à l’ex procureur de la République qui, conformément à ses prérogatives s’auto saisissait de certains dossiers pour que justice soit rendue à l’Etat Gabonais. La laisser poursuivre dans cette logique était signé l’arrêt de mort de ces réseaux dont les membres ne sont plus à présenter. Du Barreau de Libreville en passant par la Cour Constitutionnelle et la Cour des comptes, les plus grands « délinquants de la République » gravitent tous autour du Chef de l’Etat, sapant ainsi gravement sa politique de bonne gouvernance et sa volonté de bâtir véritablement un Gabon émergeant. De sources bien renseignées, il apparait que des membres de réseau donnent des instructions au nom de la Présidence de la République. Leur terrain de chasse pour cette honteuse pratique est la douane. A plusieurs reprises, il nous a été donné de constater que le Président de la Cours des comptes par exemple, Gilbert Ngoulakia, 24 ans à la tête de cette institution, n’a produit aucun résultat en terme d’assainissement de deniers publics, ne serait-ce que par la voie de la dénonciation auprès de son procureur général ou les adjoints de cette dernière. A quoi sert cette Institution? S’agissant de la Cour Constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo, elle a pondue une décision anticonstitutionnelle comme d’habitude pour accompagner son cousin le vieux bâtonnier inutile à la tête du barreau gabonais. Bien d’autres sommités de l’Etat gabonais ont présenté au très corrompu chef bureau douane du port d’Owendo des « bon à enlever Provisoire » au nom de la République pour leurs affaires personnelles. A ces sommités de l’Etat s’ajoutent aussi une trentaine de sociétés, dont certaines étrangères, installées au Gabon. Mais voici en intégralité la liste des entreprises qui ont eu l’étrange chance de ne pas rencontrer Dame Ouwé: AITC SARL, BM TRANSIT, FRET-TAM, EAGLE, PANALPINA, GPT, SDV, BTPS, SOCOTRANS, SGTA, SITMAT, ART, LSG, SNAT, NECOTRANS, BIGTRANS, TRALOG, TAG, MV TRANS, TATA SHIPPING, ITRAMA, ON AIR LOGISTICS, NVT, CIDI, SOTRASGAB, TNS, SATRAM, APRETAC, DHL, MSC, STS, OGTT et SOMATRANS. Si elles toutes ne sont pas coupables, la vérité doit s’y trouver.

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Sentant venir la menace « Sidonie », ce réseau a su user de ses pouvoirs pour l’arrêter dans son engagement de bien servir le pays. Aujourd’hui, Sidonie Flore Ouwé n’est plus Procureur de la République auprès du Tribunal de première instance et le Tribunal spécial n’existe plus, selon les désidératas de ce réseau de mafieux. Mais n’empêche, les qualités dont elle a fait montre ne cessent d’avoir des échos sur le plan international. Une de ses amies a confié à la rédaction de notre journal qu’elle serait activement courtisé sur le plan international par des structures œuvrant pour la bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption et les détournements de fonds. Mais l’excellente dame préfère rester loyale et dans l’ombre de sa nouvelle fonction pour continuer à mieux apporter sa pierre à l’édifice de la nation gabonaise.

Prosper A.

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Prosper Akouegnon
Prosper possède 15 ans d'expérience dans le journalisme. Il a précedemment travaillé pour le journal le Républicain et Le Scorpion Akéklé à Lomé. Devant la montée en force de la presse en ligne et la chute des presses traditionnelles, il décide de monter le site d'information en ligne AfricTelegraph en 2015 et s'installe au Gabon.

1 Comment on "Gabon : Justice – Sidonie Flore Ouwé victime des « moutons noirs »"

  1. vraiment n’importe quoi! Vivez-vous au Gabon? Faites un micro-trottoir et vous aurez les vraies réponses!!! Demandez aux diverses victimes de son incurie, ils vous diront de quoi il retourne!! Compétence???!!! mon Oeil!!!!! Demandez à Marcel Djabio qui a relaté à plusieurs reprises les faits de société dans lesquels, elle a pris position???!!! Vos dites COMPÉTENTE!!!! Alors c’est nouveau çà vient de sortir!!!!!

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